Qu’est-ce que la COP26 ?
(1) une énième réunion de diplomates foulant les moquettes et arpentant les buffets dans un palais des Congrès,
(2) une opportunité supplémentaire de porter plus haut les ambitions de nos Etats pour le climat et les sociétés,
(3) un moment médiatique clef pour (in)former et sensibiliser autour de soi,
Les trois à la fois, et bien d’autres choses encore. Cet article est le premier d’une série d’articles sur la COP26, dans lesquels les Jeunes Ambassadeurs pour le Climat vont vous emmener dans les couloirs des négociations.
1 La COP26 : sommet de la diplomatie climatique
Qu’est-ce qu’une COP ?
Initialement prévue pour 2020, la COP26 a été reportée d’un an en raison de la pandémie de Covid-19. En temps normal, la « Conférence des Parties » (Conference of Parties en anglais, qui donne l’acronyme COP) se réunit une fois par an. Se rassemblent les 196 Etats en plus de l’Union européenne, qui sont les 197 “parties” de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), afin de négocier les engagements à prendre pour lutter contre le changement climatique et ses effets.
La CCNUCC a pour objectif de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse (induite par l’homme) du système climatique […] dans un délai suffisant pour permettre aux écosystèmes de s’adapter naturellement au changement climatique, pour garantir que la production alimentaire ne soit pas menacée et pour permettre au développement économique de se poursuivre de manière durable ».
Une petite histoire des COP
La première COP a eu lieu en 1995 à Berlin et a posé les bases de ce qui aboutira en 1997 au protocole de Kyoto. Ce protocole, entré en vigueur en 2005, reconnaît la responsabilité partagée mais historiquement différenciée des Etats dans le niveau actuel de concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère et fixe des objectifs de réduction des émissions de GES aux pays développés. En moyenne, les Etats concernés se sont engagés à réduire d’au moins 5% leurs émissions de GES entre 2008 et 2012 par rapport à 1990.
Il faudra attendre la COP21 en 2015, et l’Accord de Paris, pour qu’un accord contraignant, engageant tous les Etats soit signé. Chaque Etat doit, depuis la signature de cet accord, communiquer tous les cinq ans ses contributions déterminées nationalement (CDN). Ils y détaillent les objectifs et mesures prises pour réduire leurs émissions de GES et s’adapter aux effets du changement climatique, dans l’objectif commun de contenir le changement climatique, et plus précisément la hausse anticipée des températures, en-dessous de 2°C, et de préférence à 1.5°C, par rapport au niveau préindustriel.
La COP26 en pratique
La COP26 aura lieu à Glasgow en Ecosse, sous la présidence du Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie, du 31 octobre au 12 novembre 2021. Près de 30 000 personnes, dont des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat (JAC), seront à Glasgow, au Scottish Events Campus pour l’occasion. Observateur.rice.s, chercheur.euse.s, représentant.e.s d’entreprises, ou encore militant.e.s gravitent autour des négociations et organisent des événements (expositions, tables-rondes, formations…) pour faire valoir leurs intérêts auprès des décideur.euse.s et de l’opinion publique.
2 Quels enjeux pour la COP26 ?
Les COP : des « usines à gaz » ?
Les COP sont souvent critiquées pour l’insuffisance des engagements pris par les Etats, la forte influence des lobbys industriels pour assouplir les objectifs et le manque de mise en œuvre concrète des objectifs. Par exemple, si l’Accord de Paris est « contraignant », aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect de ses engagements par un Etat. Ainsi, alors que les Etats signataires devaient remettre leurs CDN avant le 31 juillet 2021, seulement 86 des 192 parties l’avaient fait en date du 17 septembre 2021, sans conséquence pour les retardataires.
D’après la synthèse (mise à jour le 25 octobre 2021) des engagements annoncés par les Etats dans leurs CDN, nous nous orientons, si ces engagements étaient respectés vers une hausse de 16% des émissions de GES en 2030 par rapport à 2010, et une hausse des températures de 2.7°C à la fin du siècle par rapport au niveau préindustriel. Bien loin de l’ambition de 1.5°C annoncée dans l’Accord de Paris.
Sur quoi porteront les négociations à la COP26 ?
La COP26 devrait être l’aboutissement du cycle de négociations qui a suivi la COP21 pour s’accorder sur la mise en œuvre technique de l’Accord de Paris. Parmi les questions qui seront soulevées à la COP26 on trouve :
– Les mécanismes de “marché carbone”, qui permettraient à un Etat ou une entreprise privée d’acheter des crédits de réduction d’émissions de GES à d’autres Etats ou à un organisme des Nations unies, qui auraient quant à eux mis en œuvre des projets de réduction de leurs émissions. Les négociations achoppent depuis des années sur la comptabilité des réductions – est-ce le vendeur ou l’acheteur du crédit qui comptabilise la réduction d’émissions ? – et sur la transition de l’ancien système issu du Protocole de Kyoto au nouveau.
– Les financements pour les « pertes et dommages ». Cet enjeu central de l’Accord de Paris concerne les financements nécessaires pour répondre aux événements climatiques engendrant des pertes et des dommages pour les pays vulnérables. Alors que les pays les plus vulnérables en font un point dur des négociations, beaucoup de pays développés bloquent sur ce sujet.
– L’intégration des « solutions basées sur la nature » dans la stratégie de mise en œuvre de l’Accord de Paris. Ce thème questionne la manière dont les forêts, l’agriculture, ou encore les écosystèmes peuvent devenir des solutions pour atténuer et s’adapter au changement climatique.
– Le consensus sur le rythme commun, à trancher entre cinq ans et dix ans, de soumission des CDN. A noter qu’une révision tous les cinq ans aurait probablement un effet plus positif sur le rehaussement de l’ambition des Etats qu’une révision tous les dix ans.
– La cible des 100 milliards de dollars d’ici 2020, que les pays développés s’engagent à réunir annuellement pour accompagner les pays les plus vulnérables, sera sans doute sur la table des négociations. Cette cible n’a pas été atteinte, n’approchant que les 80 milliards de dollars en 2018 et 2019. Les nouveaux objectifs de financement climatique à atteindre pour 2025 devraient être fixés lors de la COP26.
Les priorités thématiques de la présidence britannique
Au-delà des sujets de négociations, la présidence britannique a mis en avant cinq priorités thématiques – 1/ adaptation et résilience, 2/ nature, 3/ transition énergétique, 4/ accélération de la transition vers des transports décarbonés et 5/ finance – qui seront autant d’opportunités de porter, dans les négociations et dans les médias, des débats fructueux sur les enjeux écologiques.
Call to action
Pour ne rien manquer des activités de JAC à la COP26 et entrer dans les dessous des COP, suivez les réseaux de JAC pendant la COP26 : Facebook, Instagram, LinkedIn.
Demandez une conférence pour votre école, lycée, université, association, collectivités territoriales… : les JAC se déplacent dans toute la France pour vous présenter les COPs et partager leur expérience (entre autres thématiques) !
A suivre : des articles sur les grands enjeux (géo)politiques qui sous-tendent les négociations climatiques, des interviews de participant.e.s à la COP26, des analyses des sujets abordés pendant la COP (genre, égalité, solutions basées sur la nature etc.), des récits sur les dessous des négociations…