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La COP 27 et ses sponsors au pays du greenwashing

Vous l’avez vu, nous l’avons vu, tout le monde l’a vu : Coca-Cola, sponsor de la COP 27. Révolte, dégoût, incompréhension… cette nouvelle a provoqué chez chacun de nous des réactions différentes. Alors aujourd’hui nous essayons de comprendre d’où vient cette polémique, qui sont les entreprises qui sponsorisent les COP et surtout ce qu’elles y gagnent.

Qui sont-ils, ces sponsors ?

En plus d’être le soda le plus consommé au monde, l’entreprise est aussi détentrice de nombreuses firmes comme Sprite ou Fanta. Un des logos les plus reconnaissables au monde, oui, mais Coca-Cola est aussi le premier pollueur de plastique de la planète. Ce titre peu honorifique, l’entreprise le doit à l’ONG Break Free From Plastic dans un rapport de 2021. Le recours aux énergies fossiles nécessaire à la fabrication du plastique est de plus en plus critiqué mais cela est loin d’effrayer le leader de la boisson sucrée puisque Greenpeace estime qu’en 2019 Coca-Cola a produit près de 3 millions de tonnes de plastique. Pour rappel, les négociations de la COP 27 ont pour but, entre autres, de fixer des objectifs visant à atteindre la neutralité carbone dans un futur très proche. De ce point de vue, la présence de financements de la part de Coca paraît peu appropriée.

D’autres entreprises aux bilans environnementaux douteux ont déjà essayé de racheter leur image en sponsorisant les précédentes COP. En 2021, c’est le cas d’Unilever, qui s’affirme comme un des sponsors principaux de la COP 26 de Glasgow. Unilever est une multinationale spécialisée dans l’industrie agroalimentaire. Détentrice de nombreuses marques qui remplissent nos rayons de supermarchés, le groupe a été impliqué au sein de plusieurs polémiques. Pour n’en citer qu’une, Greenpeace a révélé en 2001 que l’entreprise avait déversé 7,4 tonnes de déchets mercuré derrière une de ses usines en Inde.

Pour revenir à cette année, en plus de Coca-Cola, d’autres entreprises désireuses de verdir leur image sont présentes à l’événement. Dans le secteur du transport, on voit apparaître en gros les logos d’Egyptair, la compagnie aérienne égyptienne ou General Motors, multinationale américaine du secteur automobile. Or il apparaît clairement que l’avion et l’automobile individuelle sont les deux moyens de transport les plus émetteurs de gaz effet de serre. Un pied de nez insolent aux objectifs fixés par l’Accord de Paris ? Ou une stratégie pour améliorer son image ?

Qu’y gagnent-t-ils ?

Tentons de comprendre en quoi la présence de ces sponsors pose un problème. Premièrement, à quoi sert un sponsor ? Selon le site MTP info , « […] le sponsor tient avant tout à associer son image à des causes ou valeurs nobles. Il s’agit d’un moyen intéressant d’acquérir plus rapidement de la notoriété et de diversifier ses cibles. » Dans le cas des marques citées plus haut, la notoriété n’est plus quelque chose à prouver. En revanche, pour ce qui est de l’association de l’image à des causes et valeurs nobles, sponsoriser le plus haut sommet mondial dédié au climat permet d’associer -inconsciemment- les enjeux soulevés par la COP et les valeurs que les marques véhiculent. Il est donc facile de penser « Si Coca-Cola sponsorise la COP 27, c’est que la marque doit avoir un bilan écologique positif et est engagée dans la transition écologique ». On entend très souvent parler de greenwashing, cette pratique consiste à tenter d’améliorer son image en menant des actions plus souvent basées sur la communication que sur des véritables changements dans la manière de fonctionner de l’entreprise. Elle peut prendre de nombreuses formes, des campagnes de communication ou bien du sponsoring d’événements qui vont dans le sens de l’image qu’ils veulent se donner. De ce fait, la présence de Coca-Cola et autres entreprises peu engagées dans la transition écologique aux différentes COP peut être qualifiée d’opération de greenwashing.

Les motivations de Coca-Cola

En plus de la dissonance évidente dans le discours de la firme qui se veut ambassadrice de la transition écologique, ces pratiques soulèvent des questions éthiques. En sachant pertinemment que ses pratiques vont à l’encontre des décisions à prendre afin limiter le dérèglement climatique, la marque tente-t-elle d’occulter cette partie de son activité en pensant que cela passera inaperçu ? Rappelons que Coca nécessite des quantités d’eau considérables afin de commercialiser son produit et que de cela découlent des problèmes humains et environnementaux comme la pollution des nappes phréatiques en Inde ou le pompage d’eau au Mexique, deux pays où l’accès à l’eau potable est un enjeu majeur. Une manière de faire oublier les dommages créés, ou bien un premier pas vers un engagement durable afin de se tourner vers la voie de la neutralité carbone pour Coca ?

Une responsabilité partagée

Il est vrai que Coca-Cola a fait les gros titres ces dernières semaines mais rappelons qu’il ne faisait pas partie des sponsors principaux de la COP 27, il est classé dans la catégorie des « supporters », catégorie inférieure à celle des « main partners » parmi lesquels figurent Microsoft et Egyptair et des « partners » comme IBM. La présence de Coca-Cola était donc moindre face à d’autres entreprises tout aussi géantes, alors pourquoi un tel coup de lumière médiatique sur cette marque-ci ? Peut être parce que son impact sur l’environnement est plus facilement observable (qui ne s’est jamais retrouvé face à une bouteille de coca jetée au sol ?), peut être également qu’étant une des marques les plus connues du monde, son activité est clairement définie et connue de tous. Mais même si cette entreprise a reçu les foudres de nombreuses rédactions de journaux, prenons garde à ne pas occulter les autres marques qui étaient présentes. Parfois aux activités plus opaques, leur impact éthique et environnemental n’en est pas moindre. Microsoft par exemple, géant du numérique. Présent comme partenaire principal de la COP 27, l’entreprise est souvent mise en cause pour sa politique peu transparente sur les données de ses utilisateurs. Sans oublier que l’industrie du numérique est plus polluante que ce qu’on pourrait penser.

Alors suite à cela, soyons vigilant.es à l’influence que peuvent exercer les grandes entreprises et les grands groupes. Sachons prendre du recul face à leur actions et à leur communication, souvent bien rodées. Les facteurs humains et environnementaux entrent trop peu souvent dans leurs calculs. Peut-être pouvons nous espérer que de cet événement découle une prise de conscience massive sur les agissements de ces firmes. Et pourquoi pas, espérer voir des noms d’entreprises plus éthiques apparaître comme partenaires des futures COP.

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