Qu’entend-on par pollution de l’air ?
Adoptée en 1996, la loi sur l’air définit la pollution de l’air comme “l’introduction par l’Homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives. »
L’air (extérieur ou intérieur) est donc pollué lorsque sa qualité est altérée à cause d’activités d’origine humaine. Plus l’air est chargé en polluants, plus les conséquences néfastes sur l’environnement et la santé humaine sont importantes. Certaines conditions météorologiques peuvent aggraver la qualité de l’air.
Ce tableau recense les types de polluant que l’on peut retrouver dans l’air et les sources de leur émission :
Source : Santé Publique France, 2019
Ce tableau occulte cependant une autre source de pollution de l’air causée en partie par les activités humaines : la pollution radioactive. En effet, selon l’IRSN (Institut de radioprotection et de Sécurité Nucléaire), les installations, les essais ainsi que les accidents nucléaires sont sources de pollution gazeuse en éléments radioactifs tels que le tritium, le carbone 14, le césium 137, le strontium 90 et les isotopes du plutonium. Ces rejets sont mesurés par l’IRSN, les exploitants et l’ASN (Agence de sureté nucléaire), et leurs impacts sur l’environnement et la santé sont mesurés par les exploitants et l’IRSN.
On trouve aussi des polluants d’origine naturelle comme le radon, les pollens, les poussières ou encore les gaz rejetés par les volcans en éruption.
Il existe donc une variété de polluants qui peuvent s’avérer plus ou moins dangereux en fonction de leur concentration dans l’air, des conditions météorologiques et de leurs interactions les uns avec les autres (effet cocktail).
Des conséquences graves
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 91% des Hommes sont exposés à un air hautement pollué, c’est-à-dire dont le taux de pollution se situe au-dessus du seuil recommandé par l’organisation.
Les conséquences sanitaires sont variées. Selon l’OMS, on compte chaque année 7 millions de décès prématurés liés à la pollution de l’air, dont environ 4.8 millions dûs à la pollution de l’air extérieur.
Outre des décès, la pollution de l’air provoque de multiples pathologies : maladies respiratoires, maladies cardio-vasculaires, accidents vasculaires cérébraux, maladies cutanées, allergies, perturbation des organes reproducteurs et cancers.
Les personnes vulnérables et qui sont plus soumises au risque de subir des conséquences sur leur santé sont les femmes enceintes, les nourrissons et enfants, les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes ayant des facteurs aggravants comme une pathologie ou des comportements malsains (fumer, par exemple).
L’enjeu sanitaire est de taille car chaque année, la pollution de l’air cause environ 40 000 décès en France. Cette dernière dépasse en effet les seuils recommandés et, en 2019, elle a été condamnée par la CJUE (Cour de Justice de l’Union Européenne) après six rappels à l’ordre – depuis 2009 – pour non-respect de la directive européenne sur la qualité de l’air.
Cet enjeu peut aussi être mis en lien avec le contexte sanitaire actuel : une étude de 2020 du Cardiovascular Research montrait qu’environ 15% des décès causés par la Covid-19 dans le monde étaient liés à une exposition de longue durée à un air pollué.
Prévenir et surveiller
Une plus ambitieuse feuille de route de réduction des polluants doit guider les politiques publiques afin d’éviter l’aggravation de l’état de santé de la population, voire d’autres décès prématurés. D’autant que la prévention des risques coûte moins cher sur le long terme pour toute la société : un rapport du Sénat (2015) a montré que le coût associé à la pollution de l’air est estimé à 100 milliards d’euros annuels en France. A l’inverse, le bénéfice net d’une lutte efficace contre la pollution de l’air pourrait être d’environ 11 milliards d’euros par an.
Une étude conjointe de l’INSERM, du CNRS, de l’INRAE, de l’Université Grenoble Alpes (UGA) et d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, publiée le 13 janvier 2022, montre par exemple que des mesures concrètes de réduction des émissions de polluants peuvent être mises en place pour un coût bien inférieur aux bénéfices sociétaux et économiques qu’elles réaliseraient.
Deux mesures phares sont citées : le chauffage au bois et les transports. En combinant le remplacement du chauffage au bois non performant par des poêles à granulés récents, et la réduction de 36 % du trafic des véhicules personnels au sein de l’agglomération, on obtiendrait des bénéfices sociétaux bien supérieurs aux coûts liés à ces mesures : “La mise en œuvre réussie de ces mesures entraînerait des bénéfices sanitaires en cascade, qui dépassent le gain sanitaire directement associé aux particules fines. En effet, elles favorisent l’activité physique, réduisent le bruit dans la ville et les émissions de gaz à effet de serre.”
En outre, la production mais aussi la surveillance des données nationales et locales sont indispensables à la prévention et à l’adaptation des mesures de lutte contre la pollution de l’air et de protection des populations.Santé Publique France élabore des stratégies pour influer les politiques, afin qu’elles favorisent davantage les aménagements propices à une diminution de la pollution et au respect de la santé de la population. Pour l’heure, il manque une réelle mise en œuvre et des réglementations plus strictes.
Conclusion
La pollution de l’air tue, qu’importe le pays où l’on se trouve. De nombreuses familles ainsi que des collectifs du monde entier multiplient les recours en justice pour faire valoir leur droit à un air sain pour une meilleure santé, face aux carences des Etats en matière de lutte contre la pollution de l’air.
Les solutions sont pourtant connues : réduire voire arrêter les activités humaines les plus polluantes, mieux aménager les espaces publics et sensibiliser les populations sur les comportements à adopter et sur les risques sanitaires liés à un air vicié.
Pour aller plus loin
Sur ce sujet, vous pouvez vous informer davantage avec :
- Rapport de la Cour des Comptes “Les politiques de lutte contre la pollution de l’air”, juillet 2020
- Le site de l’OMS sur ce thème
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